Compte-rendu d’un article selon nous majeur pour qui s’intéresse à la sociologie et l’ethnologie de l’Europe, mais aussi plus certainement des sociétés à État.
Martina Avanza, Gilles Laferté, « Dépasser la « construction des identités »? Identification, image sociale, appartenance. »
Genèses, 2005/4 – no 61, pages 134 à 152, Belin, Paris
L’article a été publié dans la revue Genèses, publication revendiquant une transdisciplinarité entre sciences sociales et historiques, dans le but de mettre en avant les innovations de la recherche aussi bien en France qu’à l’international1. Les deux auteurs de cette communication ont effectué de nombreux travaux traitant des dynamiques de production et d’appropriation de discours, de figures et d’attributs identitaires; la thématique de cet article entre donc en résonance avec leurs terrains et problématiques respectifs. Martina Avanza a notamment effectué une thèse sur le mouvement politique provincialiste italien de la Ligue du Nord, organisation semblable en de nombreux points à l’ancien « bloc identitaire » français, récemment devenu « génération identitaire ». Gilles Laferté, lui, a publié plusieurs articles concernant la constitution d’identifications, d’images sociales et des mécanismes d’appartenance parmi les agriculteurs et plus largement la population rurale française. Leur connaissance des concepts traités dans cet article est encore renforcée par leur proximité avec certains des auteurs cités dans l’argumentation de leur analyse: plusieurs ont cosigné des publications avec Mme Avanza ou M. Laferté, d’autres encore sont collaborateurs de la revue Genèses ou membres de son comité scientifique.
Article à visée essentiellement théorique, cette contribution se propose de passer en revue les apports de la recherche autour de l’identité durant le dernier quart du XXème siècle. Ils mobilisent ainsi les contributions de nombreux auteurs afin d’en dégager une panoplie conceptuelle cohérente utile aux sciences sociales et historiques lorsqu’il s’agit de manier l’objet polysémantique qu’est l’identité. Terme vernaculaire, thème privilégié des acteurs du champ politique, la portée en tant que concept analytique de cet objet est réduite dans son acception actuelle. C’est ce brouillage des frontières entre concepts du scientifique et sens commun que les deux chercheurs vont tenter d’amenuiser. Pour cela, leur démonstration suit un cheminement argumentatif classique. Ils cherchent à justifier leur raisonnement en définissant dans un premier temps les raisons les ayant conduit à cette réflexion: ils montrent les limites de l’application de l’identité comme concept scientifique dans une optique de systématisation des problématiques constructivistes, et pointent les confusions qui peuvent résulter de l’utilisation politique du terme dans le contexte d’affirmation des États-nations au XXème siècle, légitimes du fait de leur représentativité d’une identité nationale.
Après avoir démontré la nécessité de dépasser le paradigme constructiviste des analyses de l’identité, ils vont tenter « d’ouvrir en trois » le concept pour pouvoir forger des outils mieux à même de cerner les stratégies de production identitaire sans omettre les processus d’appropriation ou de rejet de ces « identités » par les indigènes. Enfin, nos deux auteurs vont s’employer à montrer l’efficacité analytiques de leurs concepts en recensant les productions universitaires déjà effectuées dans cette voie, tout en appelant à de nouvelles pistes de recherche prenant en compte cet apport théorique. C’est le cheminement que nous emprunterons également pour rendre compte de manière synthétisée et critique du contenu de cet article, car il décompose la réflexion de ses auteurs selon trois axes on ne peut plus conventionnels par ce qu’efficaces et traduisant une argumentation selon les règles de la méthode sociologique. S’il est un point que l’on peut souligner dans cet article, en plus de la rigueur du développement des auteurs et de leur connaissance de l’objet traité, c’est la concision dont ils font preuve et la clarté de leur démonstration. L’article de Rogers Brubakers2, duquel ils reprennent les constats concernant les approximations entourant le terme d’identité et une partie du développement conceptuel, est sur ces points bien moins abordable. De plus, l’analyse de
M. Avanza et G.Laferté ne perd ni en profondeur ni en précision, au contraire elle gagne en lisibilité et répond à la volonté des auteurs (et de la revue) de diffuser les innovations de la recherche auprès d’un public scientifique large et non-clos à la sphère restreinte des spécialistes de telle ou telle discipline.
Mot valise et constructivisme
L’identité est un thème apparu dans le champ sociologique au cours des années soixante. Le constructivisme développé par l’école de Chicago, notamment à travers ses productions les plus tardives comme celles d’Ervin Goffman, est le premier à s’emparer de l’identité comme concept analytique. Il faut préciser que le contexte socio-politique des Etats-Unis après la seconde guerre mondiale est propice à la réflexion sur ce sujet. Des revendications identitaires « alternatives » se font jour, et mettent à mal la domination idéologique Whasp jusque là peu contestée. L’Amérique découvre en quelque sorte son multiculturalisme lorsque les noirs, les femmes et les homosexuels réclament leur émancipation et leur droit à exister en tant que sujets sociaux à part entière. Cette émancipation s’accompagne sur le plan intellectuel d’une remise en question d’un des présupposés fondamentaux et tacites de la société nord-américaine, la monopolisation de l’action dans l’espace public par les travailleurs, hommes blancs et hétérosexuels. En France, la question sera soulevée la première fois par les mouvements sociaux de Mai 68. En plus des revendications identitaires des jeunes, des femmes et des homosexuels, ces mouvements vont mettre au goût du jour une néoruralité qui porte en germe les mouvements régionalistes qui fleurissent durant la décennie suivante.
Tout comme les mouvements défenseurs des subalterns aux Etats-Unis, les mouvements régionalistes français se justifieront par l’affirmation d’une identité plus authentique, pérenne, et n’échappant pas aux écueils fixistes qui semblent garants de légitimité. En cela, ils reproduisent les mêmes mécanismes que ceux ayant assuré la domination de l’idéologie qu’ils combattent, Whasp aux Etats-Unis, jacobine en France. Comme aux Etats-Unis, la production universitaire vient à la fois motiver et soutenir ces revendications en leur apportant un crédit intellectuel légitime. D’ailleurs, le genèse des idées exprimées dans le champ constructiviste naissant en France au cours des années soixante-dix se situe dans une affiliation aux travaux de la pensée américaine. La démarche bourdieusienne, qui se revendique du constructivisme américain, (d’ailleurs Pierre Bourdieu lui-même a contribué à la diffusion des écrits américains en traduisant et éditant plusieurs auteurs) constitue un véritable paradigme dès les années quatre-vingt. En décortiquant les mécanismes aboutissant à la pérennité de la domination de certains acteurs des champs économiques et politiques (notamment à travers l’étude des processus de distinction), cette « école » de pensée permet de lever le voile sur une idéologie autrefois naturalisée, déshistoricisée. Nos deux auteurs situent la « matrice conceptuelle » du constructivisme en 1983, année de la parution de Nations and nationalism, The invention of tradition et Immagined communities, productions respectives d’Ernest Gellner, d’Eric Hobsbawm et Terence Ranger, de Benedict Anderson. Il est vrai qu’à eux trois, ces ouvrages contiennent un apport théorique considérable en formalisant et synthétisant un univers cognitif alors en vogue, fournissant aux générations de chercheurs ultérieures des concepts d’analyse correspondant à une volonté d’émancipation présente et prégnante dans le contexte socio-historique de l’époque. Autrement dit, le « désenchantement relativiste » était nécessaire pour échapper à la force centrifuge de l’idéologie dominante afin d’en tirer à posteriori des outils réellement sociologiques, offrant au chercheur la possibilité d’analyser les phénomènes identitaires sans adopter le parti-pris d’une dénonciation radicale et systématique des entrepreneurs d’identité. C’est la raison pour laquelle les productions d’Anne-Marie Thiesse sont pointées par Avanza et Laferté comme le « summum de l’utilisation des avancées heuristiques permises par l’identité »: dans Ils apprenaient la France, l’analyse développée prend aussi bien en compte la production d’identité émanant des élites et des institutions que les mécanismes de son adoption et son intériorisation par les populations. C’est là où se joignent les limites politiques et scientifiques du constructivisme: la posture 3 dénonciatrice systématique passe outre les mécanismes d’appropriation conduisant au sentiment d’appartenance, et conduit à considérer comme faux et illégitimes des objets historiques parfois construits de longue date ou revendiqués par les indigènes eux-même. En somme, en prenant automatiquement le parti du « nègre contre celui du fasciste »4, ou plutôt en se positionnant inconditionnellement contre la production identitaire « par le haut », les constructivistes oublient de s’appliquer à construire une réflexion articulant actions et arguments des producteurs d’identité (structure socio-économique), supports institutionnels vecteurs de transmission et transformations sociales précédant ou résultant du succès/de l’échec de l’appropriation de marqueurs identitaires par les principaux intéressés.
C’est de ces constats, parmi d’autres référencés par Rogers Brubakers, que s’est imposée la nécessité de forger de nouveaux concepts. De la rigueur objectiviste de Pierre Bourdieu, ils adoptent la dichotomie entre concepts indigènes, dits de la pratique, et concepts autoréférencés, soumis au travail critique de la communauté scientifique. Comme Brubakers, ils rejettent l’identité du fait de sa pré-existence dans la conceptualisation indigène, qui lui confère un sens trop politique pour satisfaire aux exigences d’objectivation scientifique. Bien sûr, il ne s’agit pas de nier qu’il existe un objet nommé « identité » et il doit être pris en compte par le chercheur, mais il importe de trouver de nouvelles formes d’analyse de sa genèse et son existence en différenciant les divers champs de production identitaires. Le premier concept, l’identification, désigne des mécanismes d’attribution catégorielle externes. Le second, l’image sociale, est centré sur la production discursive d’une catégorie de population. Le dernier, l’appartenance, prend en compte les diverses sphères de socialisation de l’individu pour comprendre la prise ou l’échec du sentiment d’appartenir à une communauté (inventée ou non).
Identification, image sociale, appartenance
L’identification permet d’éviter le premier écueil essentialiste, en replaçant la production identitaire horizontale dans une contexte socio-économique historicisé. Brubakers, qui utilise ce même concept, y voit la possibilité d’étudier non plus un état atemporel mais des processus en « constante renégociation ». En France, l’historien de l’immigration Gérard Noiriel l’a mis à l’épreuve pour son étude historique et sociologique de l’action identitaire étatique. Avanza et Laferté suggèrent que son utilisation pourrait ne pas se limiter à l’analyse des mécanismes de contrôle du pouvoir étatique, comme cela est déjà fait dans les sphères universitaires anglo-saxonnes qui l’appliquent à l’ensemble des mesures classificatoires issues de l’action bureaucratique. Donc, plus encore que de permettre d’étudier, dans une perspective historique, la genèse des catégories administratives, les deux auteurs pensent pouvoir étendre le concept d’identification à tous les types d’imposition catégorielle externes à l’individu, dont les vecteurs de transmission sont institutionnalisés.
L’image sociale est une catégorie d’analyse tirée d’un travail visiblement affranchi de considérations sensationnalistes au profit d’une plus grande rigueur scientifique, les Récits de voyage et perception du territoire : La Provence (XVIIIe siècle-XXe siècle de Jean-Claude Chamboredon et Annie Méjean. Ils y décortiquent l’évolution de l’image stéréotypée d’une région française, la Provence, permettant aux études régionalistes de s’extraire de l’essentialisme qui leur fait défaut en faisant abstraction, malgré l’inscription de ce travail dans un climat intellectuel constructiviste alors en voie de légitimation (Chamborédon est encore à l’époque collaborateur de P.Bourdieu), des postures dénonciatrices. L’objectivité d’un tel travail lui fait peut-être défaut en un certain sens puisque le concept d’image sociale est bien moins usité que les autres concepts que manient nos deux auteurs. C’est peut-être, des trois présentés dans ce texte, le moins facile à saisir, notamment du fait de sa proximité de premier abord avec celui d’identification. Entre les deux concepts, il me semble que la différence réside principalement dans le mode de diffusion de la production identitaire. Tandis que l’identification bénéficie de vecteurs de transmission institutionnalisés tels que l’école, l’image sociale est étudiée principalement par le biais de la production discursive de certains agents hauts placés dans la hiérarchie sociale, qui se matérialise notamment dans l’apparition des guides touristiques au XXème siècle. Tandis que le premier concept concerne une action bureaucratique classificatoire, le second vise à comprendre un « discours homogénéisant (émanant) des élites » produisant des « images et symboles stéréotypés ». Alors que l’identification produit des frontières4 discriminantes, l’image sociale tend à définir un idéal-type placé au centre d’un prisme identitaire, permettant d’apporter du contenu aux catégories bureaucratiques. C’est peut-être dans cette catégorie que peuvent se ranger beaucoup de traditions inventées lors d’une période d’exaltation nationale des folklores régionaux comme le deuxième XIXème siècle. En somme, il semblerait que la production d’image sociale soit un moyen d’offrir des images symboliques concrètes auxquelles se rattachent les individus pour développer un sentiment d’appartenance aux catégories dressées par la bureaucratie.
Ce sentiment d’appartenance, troisième concept élaboré dans le texte, se distingue déjà des deux autres du fait qu’il concerne l’individu et ses multiples sociabilisations. Les deux premiers peuvent être considérés comme producteurs d’individus homogènes, en tant qu’ils définissent un prisme de possibles socialement acceptables, tandis que ce dernier induit une vision fractionnée de l’identité, au gré de la prégnance des différentes sphères sociales où l’individu s’insère. Tandis que l’on aurait pu grossièrement classifier les deux premiers dans une tradition d’études symboliques aux accents un peu plus durkheimiens, le concept d’appartenance traduit une affiliation weberienne à travers le truchement d’auteurs comme Goffman. Même s’il serait impensable de nier les apports de La mise en scène de soi dans la vie quotidienne… dans la sociologie bourdieusienne portant en elle les racines des concepts d’identification et d’image sociale, l’appartenance prend résolument un parti individualiste en parlant d' »auto-identification », de « travail d’auto-appropriation des identifications et images diffusées au sein d’institutions sociales auxquelles l’individu participe ». L’auteur de l’étude citée comme illustration de l’application du concept, Nicolas Renahy, s’est intéressé à la formation du sentiment d’appartenance chez des populations de jeunes ruraux dans un contexte de désindustrialisation et d’élargissement de l’accès à la scolarité. Ce qu’il en ressort, c’est que ces deux processus ont mis à bas le sentiment d’appartenance aux corps professionnels ouvriers, et ont renforcé l’identification par le village, voir même plus le groupe de pairs. C’est le même type de mécanismes d’accroissement du sentiment d’appartenance aux groupements humains les plus immédiats, de même condition, « sans image » légitime, qui sont décrits par David Lepoutre ou encore Gerard Mauger pour les jeunes de banlieue5 et qui expliquent la prégnance des bandes de jeunes. Cet exemple est bien choisi par nos deux auteurs: ils montrent que, même en l’absence de toute production de catégories et d’images auxquelles s’affilier (autres que négatives), de nouvelles se créent spontanément, soit en inventant ou réinventant, soutenu en cela par le groupe de pairs, soit en se réappropriant des images négatives (« les racailles », « la banlieue », « les arabes »). Toutefois, cette dernière modalité génératrice d’appartenance comporte une charge négative, le « double bind »6 de la simultanéité de l’intériorisation de hiérarchies desquelles on est exclu et du rejet de celles-ci dans l’expression corporelle et culturelle.
Enfin, et ces dernières remarques nous permettent de faire le lien avec la dernière partie de cet article, il est nécessaire pour l’analyse de ne pas employer ces concepts séparément, de les articuler entre eux. Comme le disent Avanza et Laferté, ces concepts ne sont pas exlusifs à une catégorie sociale mais peuvent, par le jeu des acteurs sociaux, être aussi bien appliqués à des dominants qu’à des dominés, parfois aux deux successivement. Une appartenance sociale forte d’indigènes autour d’une image et d’une identification non-conventionelles peuvent déterminer une possibilité d’institutionnalisation ou du moins de création d’image sociale. Pour conserver l’exemple des jeunes de banlieues, il suffit de voir les tentatives (avortées) de récupérations des mouvements hip-hop par le pouvoir socialiste durant le premier quinquennat de François Mitterand pour montrer que des logiques d’appartenances horizontales peuvent donner lieu à une production d’image sociale par le haut. Aux États-Unis, où il a surtout été le fait de populations noires, le hip-hop a bénéficié d’une gentrification certaine à mesure que les populations qui développaient un sentiment d’appartenance à ce mouvement se sont relativement émancipées de la condition dominée. Aujourd’hui, il est possible à des stars du Hip-Hop de donner des représentations lors de dîners de gala à la maison Blanche. Gageons que la position marginale des Musulmans en France laisse peu de chance à la réussite d’une telle entreprise et explique l’échec de la politique d’ouverture culturelle socialiste des années quatre-vingt. De même, l’image sociale stéréotypée développée avec l’apparition d’un tourisme patrimonial a peu à peu connu l’institutionnalisation lui permettant de bénéficier des vecteurs de transmission étatiques: après le succès du folklore primitivisant, exotisant ces populations, l’école républicaine d’après la seconde guerre mondiale n’aura de cesse d’exalter ces stéréotypes sur les régions7. Et au final, c’est la réutilisation de ces images qui a permis aux mouvements régionalistes d’après Mai 68 de mobiliser autour d’une appartenance qui n’allait pas forcément de soi.
C’est pour offrir de nouvelles possibilité d’exploitation des problématiques constructivistes que les deux auteurs forgent leurs concepts. Ils n’abandonnent pas l’idée qui fait encore aujourd’hui consensus, rappelons le, proclamant l’identité nationale et individuelle maléable, objet d’une construction transcendant en partie l’individu puisque sociale. L’éclipse Anthony Smith, élève de Gellner et défendant contre son mentor l’idée pérénialiste d’une nation construite sur des bases culturelles symboliques presque intemporelles, n’est même pas mentionnée. En un sens, la veine de recherche leplaysienne remise au goût du jour par Emmanuel Todd et Hervé Lebras joue aussi la carte pérenialiste sans remettre en cause le constructivisme: n’affirment-ils pas qu’à un niveau
inconscient, profondément anthropologique, les structures familiales résistent tant bien que mal depuis plus d’un millénaire à l’homogénéisation de la culture « consciente »? Peut-être que la mention de ces travaux, ne serait-ce que pour les désavouer, aurait pu encore ajouter à la justesse de leur analyse. Selon moi, le pérenialiste A. Smith s’inscrit en porte-à-faux du constructivisme historique il est vrai, mais Emmanuel Todd et Hervé Lebras proposent d’ajouter la démographie au dialogue transdisciplinaire et de montrer un exemple d’appartenances selon des modes divers, d’agrégations de communautés d’individus (de familles dans leurs propos) au sein d’une même image sociale et d’une même méta-catégorisation identitaire qu’est la nationalité française. Ces appartenances diverses se traduisent par des tendances politiques qu’ils disent liées aux configurations anthropologiques hétérogènes françaises.
De même, il me semble que les progrès de la science historique, avec notamment le développement de l’histoire sociale des annales, puis celle de la symbolique républicaine avec, par exemple, les travaux de Maurice Aghulon pour le Var dans les années soixante-dix, ne sont pas étrangers à l’engouement pour la vague constructionniste, qui fédère la recherche durant la décennie suivante. A ce propos, ils auraient pu être convoqués, permettant à la revue Genèse d’exposer un modèle de dialogue entre les disciplines, et non de simples emprunts de l’histoire aux sciences sociales.
2 Rogers Brubakers, Au delà de « l’identite », ARSS, 2001, Vol. 139, PP.66-85
3 Martina Avanza, Comment faire de l’ethnographie quand on n’aime pas « ses indigènes » ?, In. Les politiques de l’enquète, D. FASSIN, A. BENSA (dir.)
4 Voir à ce sujet Friedrich Barth, Ethnics groups and boundaries
5 David Lepoutre, Coeur de banlieue, Gerard Mauger, Les bandes, le milieu et la bohème populaire
6 Pierre Bourdieu, Jean Pierre Passeron, Les exclus de l’intérieur
7 Anne Marie Thiesse, Ils apprenaient la France